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Sur les réseaux, un décolleté choque plus qu’un commentaire sexiste : quand les femmes sont jugées avant même d’être écoutées

Scroll après scroll, la même scène se répète. Une femme poste une photo en tenue d’été, un décolleté, un maillot ou simplement une robe près du corps.

En quelques minutes, les réactions se déchaînent : jugements, insultes, reproches, paternalisme et morale à deux vitesses. À l’inverse, sous ce même post, un commentaire sexiste ou violent passe souvent inaperçu, banalisé, ignoré ou même liké. Sur les réseaux sociaux, ce ne sont pas les paroles qui choquent le plus, mais les corps des femmes. Leur image devient un champ de bataille où tout le monde se permet de commenter, contrôler ou condamner. Pourtant, ce qui devrait indigner, ce ne sont pas les épaules d’une femme ou la forme de son top. Ce sont les violences verbales normalisées. Un décolleté n’a jamais blessé personne. Un commentaire sexiste, si. Et chaque jour, ce double standard impose aux femmes une censure invisible.

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Le corps des femmes, éternel terrain de jugement public

Les réseaux sociaux ont pourtant été présentés comme un espace de liberté, d’expression et de visibilité. Mais pour les femmes, ce territoire se transforme trop souvent en tribunal permanent. Une photo jugée trop sexy devient une “provocation”. Une tenue sobre mais près du corps devient une “invitation”. À l’inverse, un homme torse nu, en short ou en plein selfie musclé n’est jamais accusé d’immoralité ou de provocation. Le corps masculin est neutre. Le corps féminin dérange. Le problème n’est pas la photo, mais le regard.

Ce regard qui sexualise, infantilise et moralise, comme si la femme devait se justifier d’exister dans son propre corps. Sur les réseaux, les femmes apprennent à se surveiller, à anticiper les critiques, à réduire leur présence ou à édulcorer leur image pour ne pas déclencher de déferlante. Ce n’est pas de la liberté. C’est une mise sous contrôle.

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Le sexisme normalisé : invisible, banal, mais destructeur

Au milieu de ces injonctions, un paradoxe glaçant apparaît. Montrer un corps choque, mais insulter une femme semble accepté. On s’indigne d’un décolleté, mais on tolère les menaces, les moqueries, le slut-shaming, le harcèlement et les commentaires humiliants. Certains mots deviennent des armes : “facile”, “vulgaire”, “pas respectable”. Et derrière l’écran, ces attaques laissent des traces bien réelles. Elles blessent, culpabilisent, abîment la confiance et poussent certaines femmes au silence numérique. Pire encore, on demande souvent à la victime d’être responsable des attaques qu’elle subit. “Tu l’as bien cherché”. “Fallait t’habiller autrement”. Ce renversement de culpabilité entretient une culture où les agresseurs sont excusés et où les femmes, elles, sont sommées de disparaître, de se couvrir, ou de “faire attention”. Mais depuis quand un commentaire violent serait-il moins grave qu’une épaule dévoilée ?

Reprendre le contrôle : réécrire les règles et changer le regard

Les réseaux sociaux ont le pouvoir d’amplifier la haine, mais aussi de transformer les mentalités. Pour que les femmes puissent enfin publier librement, sans peur ni justification, trois changements sont essentiels. D’abord, prendre conscience que la responsabilité incombe à ceux qui écrivent, pas à celles qui posent. Ensuit,e signaler, condamner et visibiliser les comportements sexistes, plutôt que les laisser prospérer dans l’ombre. Enfin, soutenir les femmes qui osent s’afficher sans s’excuser. Un simple like, un mot de soutien ou une prise de position peut briser la solitude numérique. Un corps n’est pas une provocation. Une femme n’est pas un objet. Une photo n’est pas une invitation. Et la liberté d’expression ne peut pas continuer à valoir uniquement pour ceux qui attaquent.

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Ce n’est pas aux femmes de se cacher, c’est au sexisme de disparaître

Le double standard sur les réseaux est le reflet d’un problème plus profond, celui d’une société qui craint encore les femmes libres et contrôle leurs corps plus qu’elle ne combat les violences qu’elles subissent. Mais la dynamique change. De plus en plus de femmes brisent le silence, s’affirment, dénoncent et refusent la honte qu’on voudrait leur imposer. La liberté ne doit pas être un privilège masculin.

Elle doit être un droit pour toutes. Et tant que les réseaux s’indignent plus d’un décolleté que d’un commentaire haineux, il faudra continuer de parler, d’exposer, d’écrire et de lutter. Parce que le jour où l’on s’indignera d’abord de la violence et non de la peau, alors, enfin, les réseaux deviendront un espace réellement égalitaire.