Les PFAS, surnommés “polluants éternels”, sont partout : dans nos ustensiles de cuisine, nos vêtements, nos emballages alimentaires et même notre eau du robinet. Il est temps d’ouvrir les yeux sur ce défi sanitaire et environnemental majeur.
Qu’il s’agisse de la poêle antiadhésive dans laquelle vous faites sauter vos légumes, de l’imperméable qui vous garde au sec pendant les averses, ou de l’emballage contenant votre fast-food préféré, il y a une forte probabilité que ces objets du quotidien contiennent des substances chimiques appelées PFAS. Ces composés, invisibles et omniprésents, ont été salués comme une prouesse de la chimie moderne pour leur résistance à la chaleur, à l’eau et à la graisse. Mais ces mêmes qualités font aussi leur danger.
Récemment, un rapport publié par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) a tiré la sonnette d’alarme. Selon ce rapport, ces composés artificiels – utilisés depuis des décennies – pourraient avoir des conséquences majeures sur notre santé et notre environnement. Le problème est que ces substances ne se dégradent presque pas dans la nature et finissent par entrer dans la chaîne alimentaire puis dans nos organismes.
Les PFAS : des composés conçus pour durer… trop longtemps
Pour comprendre pourquoi les PFAS sont si préoccupants, il faut d’abord comprendre ce qu’ils sont. Les PFAS (pour substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées) sont des composés artificiels qui ont une liaison entre le carbone et le fluor, quasi indestructible. C’est cette liaison qui leur donne leur résistance à la chaleur, à l’eau et à la graisse. C’est aussi cette même liaison qui fait qu’ils ne se dégradent presque pas dans la nature.
Lorsqu’ils sont utilisés dans les produits du quotidien, ces composés finissent par s’échapper dans l’environnement, où ils s’accumulent avec le temps. Ils peuvent contaminer l’eau du robinet, les plantes que nous mangeons et même le lait maternel. Ils peuvent également s’accumuler dans notre corps, où ils peuvent rester pendant des années ou même des décennies.
Une pollution difficile à mesurer, mais bien réelle
La pollution par les PFAS est une réalité bien concrète, mais elle est difficile à mesurer précisément en raison de la grande variété de ces composés – on estime qu’il en existe environ 4 000 différents. Par ailleurs, les traces de PFAS se retrouvent partout : dans l’air que nous respirons, dans l’eau que nous buvons, dans les aliments que nous consommons.
Une étude réalisée par l’Anses a compilé près de deux millions de données sur 142 PFAS détectés dans l’alimentation, l’air, les sols ou le corps humain. Les résultats montrent que ces polluants éternels sont omniprésents, et leur impact sur notre santé commence à peine à être compris. Certains PFAS sont déjà identifiés comme dangereux pour la santé : ils peuvent augmenter le taux de cholestérol, perturber le système hormonal, affecter la fertilité ou encore le développement du fœtus.
Des mesures qui peinent à suivre
Face à ce défi sanitaire et environnemental majeur, les mesures prises pour limiter l’exposition aux PFAS sont encore insuffisantes. En France, une interdiction des PFAS dans certains produits comme les cosmétiques, les vêtements de sport ou le matériel de ski est prévue dès 2026. Cependant, cela ne concerne qu’une petite partie des produits contenant ces composés.
Les associations environnementales réclament des seuils plus stricts et une surveillance renforcée. Car les PFAS ne se contentent pas de polluer l’eau : ils s’accumulent également dans le sol, les plantes et même le sang humain. Une carte de la pollution de l’eau par les PFAS a été mise en ligne par le ministère de l’Écologie. Elle permet de connaître la concentration de ces polluants près de chez soi, et parfois, les résultats donnent froid dans le dos.
Pour faire face à ce défi colossal, il est urgent d’agir. La prise de conscience ne fait que commencer. Ces “polluants éternels” pourraient bien marquer la prochaine grande crise environnementale. Et pour une fois, il ne s’agit pas de regarder plus loin ou plus tard : ces substances sont déjà là, dans nos maisons, nos assiettes et nos corps.