En 2022, les inégalités salariales entre femmes et hommes demeurent un sujet central dans le secteur privé. Le revenu salarial des femmes reste inférieur de 23,5 % à celui des hommes, selon les dernières données. Ce chiffre représente la rémunération nette perçue par les femmes pour l’ensemble de leurs activités salariées. Plusieurs raisons expliquent cet écart, notamment un volume de travail plus faible chez les femmes, qui occupent plus fréquemment des emplois à temps partiel. En moyenne, le temps de travail annuel des femmes est inférieur de 10,1 % à celui des hommes. À temps de travail égal, l’écart de salaire en équivalent temps plein (EQTP) est de 14,9 %.
Une réduction progressive des écarts depuis 2000
Depuis le début des années 2000, on observe une réduction continue de l’écart de revenu salarial. En 1995, le salaire net des femmes en EQTP était inférieur de 22,1 % à celui des hommes. Ce différentiel a baissé de 7,2 points en l’espace de 27 ans, passant à 14,9 % en 2022. Ce progrès s’explique en partie par l’évolution de la composition des emplois : la proportion de femmes occupant des postes de cadres, traditionnellement mieux rémunérés, est passée de 23 % en 1995 à 37 % en 2022. Cette amélioration s’accompagne également d’une réduction des écarts de volume de travail, qui sont passés de 14,9 % en 1995 à 10,1 % en 2022.
Toutefois, malgré ces améliorations, les inégalités salariales persistent, notamment en raison de la répartition inégale des genres dans certains secteurs professionnels et à des niveaux hiérarchiques élevés. Les progrès réalisés restent lents, et l’écart de revenu salarial, bien que réduit, demeure significatif.
L’influence de l’âge et de la parentalité
Les inégalités salariales augmentent avec l’âge. En 2022, l’écart de salaire net en EQTP entre femmes et hommes est de 14 % dans le secteur privé. Cet écart est plus faible chez les jeunes de moins de 25 ans, où il s’établit à 4,7 %, mais atteint 26,1 % chez les salariés de 60 ans ou plus. Plusieurs facteurs expliquent cette tendance, notamment les interruptions de carrière plus fréquentes chez les femmes, souvent liées à la maternité, ainsi que leur moindre progression professionnelle par rapport à leurs homologues masculins. D’ailleurs, les écarts de salaire augmentent avec le nombre d’enfants, les mères étant plus susceptibles de travailler à temps partiel ou de voir leur progression professionnelle freinée.
Les différences de volume de travail sont également marquées chez les jeunes, les femmes de moins de 25 ans travaillant en moyenne 20,3 % moins que les hommes du même âge. Après 25 ans, cet écart se réduit, se stabilisant entre 9 % et 10 %.
La ségrégation professionnelle et les hauts salaires
Un autre facteur contribuant à ces écarts est la ségrégation professionnelle, où les femmes et les hommes ne se répartissent pas de manière égale entre les métiers. Par exemple, les femmes sont plus présentes dans des professions moins bien rémunérées, telles que les secrétaires ou les employés administratifs, tandis que les hommes dominent les métiers de conducteurs routiers ou d’ingénieurs informatiques, souvent mieux payés.
La faible présence des femmes parmi les hauts salaires aggrave également l’écart global. En 2022, les femmes représentent 41,8 % des emplois en EQTP dans le secteur privé, mais leur part diminue fortement à mesure que l’on monte dans l’échelle salariale. Elles ne constituent qu’un tiers des effectifs des 10 % les mieux rémunérés, et leur présence chute à 22,8 % parmi le 1 % des salariés les mieux payés.
Ainsi, malgré une réduction progressive des inégalités salariales au cours des dernières décennies, des écarts significatifs persistent, alimentés par des différences de volume de travail, de répartition professionnelle et d’accès aux hauts salaires. Combler ces écarts nécessitera des efforts continus en matière de politiques de travail et d’égalité des chances.
Source: insee