Le procès des viols de Mazan incarne un événement judiciaire inédit qui expose les mécanismes violents de la domination et des agressions sexuelles. Cette affaire, impliquant Dominique Pélicot et 50 autres accusés, a provoqué un séisme sur le plan juridique et médiatique. Les incidents se sont déroulés entre 2011 et 2020 à Mazan en Vaucluse, en Île-de-France et sur l’île de Ré. Les accusations révèlent les manquements de notre société relatifs à la prévention des agressions sexuelles et à la sauvegarde des victimes.
Des crimes organisés sous silence
Dominique Pélicot est accusé d’avoir drogué à son insu son épouse, Gisèle Pélicot avec des anxiolytiques afin de la rendre inconsciente et de la livrer à d’autres hommes. Les enregistrements vidéo documentent 92 viols perpétrés par 50 hommes différents âgés de 26 à 73 ans. Les accusés étaient pour la plupart des hommes sans histoire, des hommes ordinaires, de tout milieu social.
Le procès s’est ouvert le 2 septembre 2024 devant la cour criminelle départementale de Vaucluse à Avignon. Il est prévu de se prolonger jusqu’à la fin de l’année. Gisèle Pélicot s’est exprimée une dernière fois le 19 novembre, qualifiant ce procès de “procès de la lâcheté“. Les enfants du couple ont également pris la parole, exprimant leur souffrance depuis quatre ans. Les plaidoiries des parties civiles ont débuté peu après. Me Babonneau, l’un des avocats de Gisèle Pélicot, a insisté sur l’enjeu historique de ce procès, non seulement pour sa cliente, mais aussi pour toutes les femmes victimes de violences sexuelles.
Des hommes ordinaires commettent l’inacceptable
Les accusés ne sont pas de grands criminels, mais des pères de famille, des voisins, des collègues. La banalisation de leurs actes durant le procès montre à quel point la culture du viol est ancrée dans nos mentalités. Ces hommes ont participé à des actes d’une extrême violence sans se percevoir comme criminels. Les experts ont tenté d’analyser leur comportement, souvent décrit comme de la “soumission à la norme du groupe”, une façon d’éviter la responsabilité individuelle. Derrière cette explication se cache une acceptation implicite de la domination masculine.
Cette affaire nous oblige à réfléchir aux moyens de prévenir de telles violences et à questionner la place accordée à la parole des victimes. Malgré le mouvement #MeToo, la parole des femmes reste souvent délégitimée. Gisèle Pélicot est devenue, malgré elle, un symbole de cette lutte. Son courage à affronter la cour et les accusés est une leçon de résilience. Son histoire a résonné au-delà de nos frontières, suscitant un vif débat sur les violences faites aux femmes.
Un verdict très attendu
Le verdict est très attendu, non seulement par les protagonistes de l’affaire, mais aussi par une société en quête de justice. Que dira la justice sur ces hommes ? Leurs actes seront-ils condamnés à la hauteur de l’horreur vécue par Gisèle Pélicot ? Pour de nombreux observateurs, ce procès est plus qu’une simple affaire criminelle : il symbolise une évolution nécessaire.
Le collectif Nous Toutes, lance un appel à la mobilisation générale contre « les féminicides, les violences sexuelles et toutes les formes de violences de genre », qui recense 122 cas de féminicide en France depuis le début de 2024. Des marches se déroulent le samedi 23 novembre 2024, dans les rues de toutes les villes de France hexagonale et des Outre-mer.