Le mouvement féministe 4B, apparu en Corée du Sud, incarne une réaction radicale contre les structures patriarcales et la misogynie profondément enracinées dans la société sud-coréenne. En rejetant toutes relations avec les hommes, le mouvement prône une rupture totale avec les conventions patriarcales et hétérosexuelles. Depuis peu, ce mouvement a gagné en popularité aux États-Unis et suscite de nombreux débats.
Les fondements idéologiques du mouvement 4B
Le mouvement 4B est né d’une frustration intense face aux contraintes imposées aux femmes en Corée du Sud. Il se structure autour de quatre principes fondamentaux :
- Bihon : Refus du mariage hétérosexuel.
- Bisekseu : Rejet des relations sexuelles hétérosexuelles.
- Biyeonae : Refus de la recherche d’un partenaire romantique.
- Bichulsan : Rejet du devoir reproductif.
Ces principes visent à déconstruire radicalement les normes patriarcales et à affirmer une autonomie totale. Le mouvement 4B se distingue par une logique de rupture radicale avec le système patriarcal.
Un contexte patriarcal persistant
La Corée du Sud reste dominée par des attitudes patriarcales profondément enracinées. Près de 40 % des femmes mariées rapportent avoir subi des violences conjugales. Le phénomène du “molka” – pratique consistant à placer des toutes petites caméras espionnes dans des cabines d’essayage, sous des escalators, dans des toilettes publiques – est un exemple de l’exploitation systémique auxquels sont confrontées les femmes Sud-Coréenne.
Une expansion soudaine du 4B aux États-Unis
Depuis l’élection de Donald Trump, le mouvement 4B a trouvé un écho aux États-Unis, perçue par de nombreuses féministes comme un révélateur des limites de l’égalité des genres dans la société américaine. Cette montée en popularité s’est traduite par une recrudescence des recherches en ligne et une multiplication des discussions sur les réseaux sociaux autour du mouvement.
Controverses et limites du mouvement
Le mouvement 4B est fondamentalement polarisant. D’un côté, ses adeptes le considèrent comme une stratégie nécessaire pour libérer les femmes de l’oppression patriarcale. Pour elles, toute relation hétérosexuelle est fondamentalement biaisée et renforce la domination masculine.
D’un autre côté, ses détracteurs estiment que cette approche est trop extrême et risque d’accroître la division entre les genres. Certains sociologues féministes affirment que l’isolement volontaire des femmes pourrait compromettre la coopération entre les genres. De plus, la vision des relations humaines promue par le 4B est perçue comme manquant de nuance, partant du postulat que le patriarcat est irrémédiablement inébranlable.
Critique du féminisme institutionnel
Certains analystes considèrent le 4B comme une critique radicale du féminisme institutionnel, jugé trop conciliant et incapable de résoudre les problèmes structurels du patriarcat. Pour les membres du 4B, les avancées en termes d’égalité salariale, d’accès aux postes de direction, et de lutte contre les violences sexuelles restent insuffisantes pour démanteler la culture patriarcale. En rejetant les relations hétérosexuelles, le 4B prône une rupture claire et irréversible.
Perspectives et avenir du mouvement
Bien que le mouvement 4B reste marginal, sa visibilité croissante témoigne d’un malaise profond. Que l’on soit en accord ou non, le 4B pousse à la réflection et réévalue les relations entre les genres, non seulement sous l’angle de la conjugalité et de la sexualité, mais également en termes d’autonomie individuelle et de capacité à redéfinir son propre mode de vie.
En Corée du Sud, les dynamiques de pouvoir entre hommes et femmes demeurent rigides, malgré les pressions pour une plus grande égalité. À l’international, le mouvement pourrait rester confiné à des niches activistes, mais ses répercussions sur les débats féministes pourraient être significatives.
Sources : Elle, Franceinfo,