Dans les pays occidentaux, les divorces sont majoritairement initiés par les femmes. En France, 75 % des demandes de divorce sont faites par des femmes, un chiffre comparable à ceux des États-Unis (70 %) et du Royaume-Uni (62 % en 2019). En outre, près de la moitié des mariages dans l’Hexagone se termine par une séparation. Plusieurs raisons expliquent cette tendance, parmi lesquelles la déception face au mariage et une charge mentale inégale au sein du couple.
L’indépendance accrue des femmes, un facteur de divorce
Michelle Dayan, avocate spécialisée en droit de la famille, donne quelques explications dans le podcast Conversations avant la fin du monde. Elle souligne que les hommes, en général, quittent rarement le foyer conjugal sans qu’une nouvelle relation ne soit en vue. « Sur 30 ans de carrière, je n’ai rencontré qu’une dizaine d’hommes qui ont quitté leur femme sans qu’il y ait une autre personne dans leur vie », explique-t-elle. Les hommes recherchent souvent une « sécurité » ou un « filet de sécurité » avant de partir.
À l’inverse, de nombreuses femmes, surtout celles qui sont économiquement indépendantes, prennent la décision de partir sans qu’il y ait une autre relation en perspective. « Elles cherchent avant tout une indépendance, une liberté, et souhaitent parfois simplement se retrouver seules », précise-t-elle. Certaines prennent cette décision en raison d’une profonde insatisfaction ou de violences conjugales.
Cette autonomie, acquise au fil des décennies, se reflète dans les statistiques. Une étude de l’Insee réalisée en 2016 montre que 70 % des femmes qui divorcent exercent une activité professionnelle. Néanmoins, ce sont aussi elles qui risquent le plus de se retrouver en situation de précarité financière après la séparation.
Un besoin émotionnel plus fort et une intolérance à l’insatisfaction
La deuxième explication avancée par Michelle Dayan concerne une plus grande intolérance des femmes à une relation insatisfaisante sur le plan émotionnel. « Les femmes, traditionnellement, ont construit leur vie autour du foyer, qui représente un lieu d’ancrage essentiel pour elles. Quand cet espace ne leur convient plus, elles préfèrent partir », observe-t-elle. En somme, les attentes émotionnelles des femmes seraient plus élevées, et si elles ne sont pas comblées, le divorce devient une option.
Un meilleur soutien social pour les femmes
Selon la BBC, un autre facteur important est le réseau social. Les femmes ont souvent plus d’amis proches et bénéficient d’un meilleur soutien lorsqu’elles envisagent de divorcer. Aux États-Unis, 15 % des hommes déclarent n’avoir aucun ami proche, ce qui les empêche parfois de se confier ou de prendre des décisions radicales comme le divorce. Par ailleurs, une étude montre que lorsqu’un ami proche divorce, les chances de divorcer soi-même augmentent de 75 %.
En conclusion, la combinaison d’une plus grande autonomie économique, des attentes émotionnelles plus fortes et d’un meilleur soutien social contribue à expliquer pourquoi les femmes sont plus enclines que les hommes à demander le divorce dans les couples hétérosexuels.